Divers obstacles l?investissement influent sur l?incidence potentielle des mesures pour amliorer l?efficacit nergtique dans les btiments commerciaux sur la consommation d?nergie et les missions de carbone. Le potentiel d?efficacit nergtique devrait tre pris en compte dans la dtermination des cibles et il y a trois faons de le mesurer:
L?effet de rebond devrait tre pris en compte dans la dtermination du potentiel d?efficacit nergtique pour viter de surestimer l?incidence d?un instrument de politique sur la rduction de la consommation d?nergie et des missions de carbone. L?expression effet de rebond est employe pour dcrire l?utilisation accrue d?un produit plus efficient en raison de la diminution de son cot d?utilisation[29]. Par exemple, si des conomies sont ralises en consquence d?un investissement dans des technologies plus efficaces, d?autre quipement consommateur d?nergie peut tre achet avec les liquidits disponibles, ce qui fait que les conomies d?nergie sont annules. De plus, mme si un quipement plus efficace est install, le consommateur ne l?exploite pas forcment un niveau de rendement optimal. Enfin, si avec le temps la consommation d?nergie diminue, le prix de l?nergie pourrait aussi baisser et les conomies possibles ne seraient plus une bonne motivation.
Sont mis en lumire dans la prsente section six obstacles l?adoption de technologies contribuant l?efficacit nergtique dont on estime qu?ils ont une incidence sur le dploiement grande chelle des technologies disponibles dans le secteur des btiments commerciaux.
Les responsables des politiques, les propritaires et les constructeurs de btiments ainsi que les investisseurs doivent grer des risques techniques, financiers et commerciaux quand ils font la promotion des technologies contribuant l?efficacit nergtique pour les btiments commerciaux ou qu?ils investissent dans ce domaine. Si tous les types de risque existent en tous temps sur le march des btiments commerciaux, l?importance et l?incidence des diffrents types peut varier au fil du temps.
Trois obstacles particuliers relatifs l?information existent sur le march en ce qui concerne l?efficacit nergtique des btiments commerciaux. Il s?agit des problmes lis au manque d?information, de la rpartition ingale de l?information entre les intervenants et de la grande complexit de l?information.
Manque d?information : Il y a un manque de donnes et de renseignements exhaustifs sur la consommation d?nergie et d?lectricit dans les btiments commerciaux du Canada. Il n?y a aucun mcanisme de dclaration obligatoire de la consommation d?nergie et, en consquence, une grande part des donnes disponibles au Canada sont dtenues par les compagnies de services publics, les entreprises de services nergtiques (ESCO), les associations de l?industrie et les propritaires de btiments. Ce manque de renseignements disponibles sur la faon dont sont prises les dcisions, leurs justifications et ce qui les influence pose constamment problme aux chercheurs et aux responsables des politiques qui cherchent tirer des conclusions concrtes sur les motivations de l?incorporation de l?efficacit nergtique au niveau de l?entreprise dans le secteur commercial.
Le problme associ cette lacune dans les donnes est triple : tout d?abord, les responsables des politiques et les chercheurs de disposent que de donnes de base trs faibles et non exhaustives pour valuer l?incidence de leurs dcisions et de leurs politiques et en assurer le suivi au fil du temps; deuximement, les occupants des btiments, leurs exploitants et leurs propritaires sont souvent peu au courant de la quantit d?nergie qu?ils consomment et de leurs habitudes de consommation d?nergie, ils ne connaissent donc pas les possibilits d?conomies et ne sont pas motivs pour changer leurs comportements; troisimement, les renseignements sur le march sont inaccessibles pour les entreprises qui cherchent concevoir des produits contribuant l?efficacit nergtique. Statistique Canada et RNCan ont produit l?Enqute sur la consommation d?nergie du secteur commercial et institutionnel, l?enqute la plus exhaustive qui soit sur la consommation d?nergie du secteur. Bien que les statistiques agrges recueillies dans le cadre de cette enqute soient gnralement considres comme fiables et exactes, des tentatives pour en faire une ventilation plus dtaille donnent parfois lieu des statistiques qui sont considres inacceptables aux fins des analyses des avantages par rapport aux cots.
Rpartition ingale de l?information : Les technologies et les pratiques lies l?efficacit nergtique sont mal connues des groupes d?intervenants du secteur des btiments commerciaux. Cela pourrait s?expliquer en partie par la grande divergence des ressources disponibles et des programmes d?ducation. La formation structure n?est pas la mme pour tous les groupes d?intervenants et certains peuvent avoir une formation spcialise en gestion environnementale des btiments, tandis que d?autres auront une comprhension trs limite du rle de l?efficacit nergtique dans les btiments commerciaux et de la faon dont elle peut tre optimise.
Information complexe : Du fait de la nature technique de l?efficacit nergtique dans les btiments commerciaux, il faut une comprhension des solutions d?quipement existantes et des mthodes de conception pour l?intgration des systmes, et une connaissance de la faon dont les systmes peuvent tre optimiss. Bien que les personnes qui participent la conception, la construction et l?exploitation des btiments aient une meilleure comprhension technique des systmes que les occupants de ces btiments, il n?y en a pas moins un manque gnralis de comprhension de l?efficacit du rendement nergtique des btiments (compar aux niveaux optimaux) et des moyens pour amliorer ce rendement. On rejoint ici la question du risque technique voque plus haut.
Le chevauchement du contrle juridictionnel sur les btiments commerciaux mentionn plus haut dans le profil du secteur contribue aussi au problme de la complexit de l?information. Les parties concernes s?entendent pour dire que l?incertitude relative aux politiques qui rgne sur le march et la difficult discerner quelles politiques et ressources sont applicables ou disponibles sont des obstacles l?investissement.
Lorsque l?on fait de l?efficacit nergtique une priorit dans la phase de conception d?un btiment construire, cela peut en bout de ligne permettre de raliser des conomies et d?tre plus efficace en choisissant le meilleur quipement qui soit. Cependant, pour qu?il y ait intgration des processus de conception, la communication entre les architectes, les ingnieurs, les entrepreneurs de construction du btiment et les corps de mtier doit tre ouverte et continue, ce qui n?est pas souvent le cas. Du fait de l?approche cloisonne traditionnelle de la conception et de la construction de btiments, les voies et les vhicules de communication pour la dissmination de l?information diffrent.
La chane de valeurs des btiments commerciaux, trs complexe, est compose de divers intervenants dont les intrts sont parfois concurrents. Cette complexit est un obstacle l?adoption de la technologie souvent appel problme d?agent principal ou d?incitatifs fractionns. Le problme est dcrit comme le niveau auquel les motivations de l?agent charg de l?achat des mesures d?efficacit nergtique concident avec celles des personnes qui en tireront parti. C?est un dfi particulier dans le secteur des btiments commerciaux puisque les motivations pour l?efficacit nergtique sont diffrentes selon la personne qui paye pour la consommation d?nergie. Dans la phase de construction d?un dveloppement immobilier, les dpenses en immobilisations pour l?quipement sont une proccupation prioritaire, tandis que dans la phase d?exploitation, la priorit va aux cots de la consommation d?nergie. Selon la perspective de l?investisseur de capital initial pendant la construction du btiment, l?quation de rendement de l?actif est au premier rang des priorits et les dlais tablis pour le rendement attendu ont tendance tre trs courts (de un trois ans), surtout si le btiment est destin tre vendu court terme. Si les propritaires du btiment s?attendent ce que leurs locataires paient leur propre consommation d?nergie, il n?est pas dans leur intrt d?investir dans des technologies trs efficaces puisqu?ils n?en rcolteront pas les fruits. Au lieu de cela, ils sont ports installer les technologies les moins coteuses, lesquelles ne sont pas forcment les solutions les plus conergtiques.
Dans le tableau 3, on rsume les principaux lments de la chane de valeurs des btiments commerciaux et on identifie les principaux catalyseurs et les implications de l?efficacit nergtique. Cette distribution ingale de l?information donne lieu des priorits contradictoires et des faons diffrentes de voir la valeur de l?efficacit nergtique. Les facteurs comme l?accent sur les cots de revient de base, la fragmentation de la chane d?approvisionnement et du cadre de rglementation, la relation mandant-mandataire et le manque de rtroaction dans la chane de valeurs ncessiteront aussi une intervention des responsables des politiques si on veut amliorer l?efficacit nergtique dans les btiments commerciaux.
TABLEAU 3 : Chane de valeurs existante pour les btiments commerciaux[30]
Le cot de revient plus lev pour les innovateurs et les premiers agir gne la vritable transformation du march. Quand les entreprises choisissent de construire des btiments hautement conergtiques avec des technologies et des mthodes de conception novatrices,
Les innovateurs ont peu de chances de rentrer dans leurs frais quand ils vendent leurs btiments puisqu?ils font partie de la courbe d?apprentissage et n?ont pas ncessairement de valeur montaire pour les acheteurs potentiels. D?un point de vue commercial, il est souvent plus avantageux de laisser d?autres entreprises assumer les cots du premier agir, puis de prendre exemple sur ses pratiques exemplaires et ses leons retenues. Il en dcoule que la transformation du march est plus lente et que moins d?entreprises sont disposes assumer un rle de leadership.
Il convient de souligner que dans les sous-secteurs des btiments institutionnels, y compris l?enseignement, le gouvernement, les services de sant et les services sociaux, le dsavantage du premier agir pourrait ne pas constituer un aussi grand obstacle du fait que les connaissances peuvent tre partages la lumire des expriences des autres, et des ressources limites peuvent tre augmentes puisque les propritaires et les exploitants des btiments n?assument pas les cots du premier agir. Cependant, si les gestionnaires des btiments institutionnels souhaitent de faibles cots initiaux, le dsavantage du premier agir pourrait constituer un tout aussi important obstacle que dans le secteur priv. Une solution pour surmonter cet obstacle est de mettre l?accent sur la comptabilit axe sur le cycle de vie lors du choix des technologies.
Les cots levs de l?nergie sont un moteur important pour les investissements dans l?efficacit nergtique dans les btiments commerciaux. Cependant, les signaux des prix du march peuvent avoir une incidence additionnelle sur l?efficacit nergtique. Sur le march canadien de l?nergie, trois principaux signaux des prix ont une incidence sur les dcisions d?achat:
Selon l?industrie, diverses politiques constituent des obstacles institutionnels et rglementaires l?investissement dans l?efficacit nergtique. Les politiques ayant des objectifs court terme peuvent devenir dsutes au fil du temps; par exemple, les politiques qui favorisent des technologies particulires peuvent dcourager l?innovation en gnral et forcer les consommateurs renoncer l?achat de la solution la plus efficace. Les parties concernes ont cit les normes insuffisantes des codes du btiment, la lenteur des processus bureaucratiques de dlivrance de permis et les rgimes de gouvernance complexes parmi les obstacles l?efficacit nergtique.
Il importe de souligner que, mme pour les instruments d?intervention efficaces, il faut un suivi et une valuation continus pour les amliorer au fil du temps. Les codes du btiment et les normes d?quipement sont considrs comme des instruments d?intervention efficaces pour stimuler l?amlioration de l?efficacit nergtique[34]. Cependant, les parties concernes sont nombreuses trouver chronophage le processus de mise jour de ces codes et normes, ce qui constitue un obstacle la transformation du march. Comme dans le cas des processus de dlivrance des permis, les codes du btiment qui ne reconnaissent pas les technologies novatrices et les concepts de systmes de remplacement peuvent alourdir le processus d?approbation pour les constructeurs qui s?efforcent d?atteindre un haut rendement nergtique.
Du point de vue de l?investissement, le plus grand obstacle des investissements plus nombreux et plus importants dans le secteur est l?incertitude du march. Les investisseurs hsitent s?engager dans tout secteur qui est peru comme instable ou inquitable quant l?assurance d?un rendement du capital investi (RCI) acceptable. Selon les parties concernes, il y a trois grandes conditions pralables l?investissement:
Le tableau 4 montre les principaux types et catgories d?obstacles l?adoption des technologies contribuant l?efficacit nergtique identifis par TDDC et la TRNEE. Cela comprend les obstacles dcrits la section 3.3, ainsi que plusieurs autres qui ont t recenss dans le cadre des consultations des intervenants et des recherches menes.
TABLEAU 4 : Sommaire des obstacles l?adoption des technologies contribuant l?efficacit nergtique dans le secteur des btiments commerciaux
CATGORIE
|
OBSTACLE L?ADOPTION DE LA TECHNOLOGIE
|
Gestion des risques |
|
Lacunes |
|
Chane de valeurs et relation mandant- mandataire |
|
Dsavantage pour le premier agir |
|
Signaux des prix du march |
|
Institutionnel et rglementaire |
|
-----------------------
g Leadership in Energy and Environmental Design (LEED) est administr au Canada par le Conseil du btiment durable du Canada.